Enfin le départ !
Le lendemain de notre arrivée en Bulgarie, nous quittons Plovdiv et son agglomération avec les motos chargées à l’arrière du Van pour rejoindre le départ du raid, dans une petite ville en bordure de montagne. C’est aussi là que nous faisons le choix de nos motos : ce sera des Husqvarna, un 350 EXCF 2016 pour moi et un 250 EXCF 2016 pour Thomas. Comme prévu, quelques kilomètres de réglages sont nécessaires avant d’entrer dans le vif du sujet. Nous réalisons près d’une heure d’ascension ininterrompue au milieu d’anciennes vignes, spécialité locale. Puis, nous poursuivons de vallée en vallée, passant de terrains rocailleux au sable, de panoramas à couper le souffle à des forêts très denses. La difficulté est toute relative, mais je suis à la peine dans les premières heures car l’adaptation au quatre temps est difficile. Il m’aura fallu de fortes courbatures dans les bras pour m’obliger à changer ma position de conduite et rouler plus haut dans les tours pour moins subir et me mettre dans le rythme. Thomas lui file devant, à l’aise, et profite à fond des nombreux « singles ».
La pause déjeuner
Puis, au bout d’un chemin de près d’une dizaine de kilomètres sans jamais croiser quelque forme d’habitation, nous sortons des bois et rejoignons une route pour atteindre le ravitaillement et le restaurant. Une petite auberge perdue dans « Le village aux noix ». Une magnifique terrasse perchée à flanc de colline nous attend, ombragée par l’énorme noyer qui prend racine à la base du mur de la maison. On nous sert un repas simple mais typique, avec plusieurs plats disposés sur la table en libre-service. Beaucoup de crudités, quelques morceaux de viande et surtout une sorte de gâteau de riz et fromage bulgare faisant office de pain, à ne surtout jamais manger en entier au risque de ne rien manger d’autre !
Les difficultés arrivent…
Il faut se rhabiller. Heureusement, la petite brise et le soleil ont séché les affaires. Pour l’après-midi, nous démarrons d’abord par scinder le groupe en deux, en dissociant ceux qui souhaitent du « hard » (toute mesure gardée) ou du « soft ». Nous nous engageons avec Thomas dans le hard, ayant pris confiance le matin même. Effectivement le rythme change, les dévers se voient parés de pierres roulantes et de crevasses sillonnant la moitié de la trace. Lors d’une grimpette que Thomas réussit juste derrière Ianko, le guide Hard enduro, nous ne comprenons pas, de loin, les signaux qu’ils nous envoient et je m’engage alors dans le couloir rocailleux, au bout duquel un virage à 90° me laisse découvrir une marche d’un demi-mètre. Oui, sauf que le précèdent pilote n’en était pas encore sorti, bloqué par son sabot, et Thomas ne m’indiquait en fait que le rapport à utiliser pour me lancer. Surpris, je coupe alors tout dans l’élan, couche la moto, descends de quelques mètres en glissant et vide une bonne partie de mon énergie à la relever ! Heureusement, le shunt est toujours possible et propose une alternative plus fun. Mais le mal est fait et il sera difficile pour moi de suivre le groupe par la suite car le plus dur arrive… Plusieurs centaines de mètres d’une montée au dénivelé important, recouverte d’un lit de cailloux fuyants entrecoupé de sillons, laisse peu de place pour une trace praticable. Une partie très physique dans laquelle je m’essouffle suite à l’effort récent et arrive difficilement en haut. Il me faudra attendre de finir cette zone et rejoindre le deuxième groupe pour récupérer.
La fatigue se fait sentir
Nous faisons une pause, qui arrive à point nommé, dans un site incroyable avec une arche naturelle de plusieurs centaines de mètres de haut plongeant dans une grotte tout aussi spectaculaire. Quelques minutes de pause, puis, c’est sous des nuages menaçants et une température qui descend au fur et à mesure que nous continuons notre ascension. Le rythme est soutenu, mais le terrain plus praticable, ce qui permet de temporiser et de récupérer en roulant. Les sensations reviennent vraiment en forêt grâce à une terre meuble assurant un grip de folie. C’est au moment de prendre mon relais de « tiroir » pour indiquer la direction aux suiveurs que je me rends compte qu’une bonne partie du groupe ne suit plus. Les minutes défilent et je m’occupe à regarder, plus bas, les bûcherons travailler avec un tracteur d’un autre âge. Finalement, un pilote passe m’indiquant la chute, assez lourde, de Thomas. Une belle cascade lui attribuant la médaille du jour, de bonnes douleurs aux côtes ainsi qu’un œil au beurre noir. Nous repartons une fois qu’il a repris ses esprits pour entamer la dernière partie du tracé. Deux groupes se forment à nouveau, je décide cette fois de suivre Roman, le guide « soft », pour me préserver car il reste trois jours. Nous suivons des chemins sans grand intérêt jusqu’à notre arrivée en haut d’une station de ski. Là, nous descendons la presque totalité de la montagne dans d’étroits couloirs de pistes de ski, moteurs coupés, sur l’élan, laissant planer un silence reposant permettant de profiter du cadre incroyable dans lequel nous sommes. Cette dernière descente nous mène directement à l’hôtel du soir.
La soirée sera courte, une bière de débriefing puis un repas convivial et typique et nous ne tardons pas aller nous coucher car demain, nous retournons au charbon !
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