Discutez avec n’importe quel vieux d’la vieille, je suis prêt à parier qu’il vous dira, mot pour mot, « c’était quand même mieux avant ». N’empêche qu’en lisant les fiches techniques actuelles, j’ai carrément du mal à le croire, le vieux motard ! Du coup, j’ai mené l’enquête. Info ou intox ? Pour répondre à cette fameuse question, j’ai choisi deux machines qui représentent comme il se doit leurs époques. Deux trails de caractère, des machines aussi performantes que reconnaissables ! J’ai nommé la BMW R 1150 GS et la Husqvarna Norden 901.
BMW R 1150 GS, Dynastie royale
Je te sens déjà venir, je te parle de trail de caractère et juste après je te montre une GS : l’utilitaire moto par excellence. Alors oui, mais non : les moteurs type boxer, aussi appelés flat twin, regorgent de surprises ! Déjà, afin de poser le décor : la BMW Nine T utilise une version plus moderne (mais pas trop) de ce boxer en particulier. Autant dire que BMW n’a pas choisi une base fade pour le segment qui joue justement sur le caractère !
Revenons à notre GS ! Avant d’être la machine du futur avec plus d’électronique que l’ISS qu’elle est aujourd’hui, la GS était autrefois une 1150. Mais déjà, à ce moment-là, elle mettait une misère technologique à ses concurrentes avec suspensions spécifiques Paralever et Telelever, qui sont encore utilisées aujourd’hui, ou encore un freinage ABS intégral en option. On y retrouve aussi quelques traits de famille : un cardan, une optique asymétrique, un catalogue d’options bien fourni…
BMW R 1150 GS, Moto ancienne, mais moderne !
Mais surtout, elle possède l’ADN « GS ». Ça se sent dès les premiers tours de roues ! Elle est d’une facilité incroyable. Malgré ses 20 ans, elle se pilote comme une moto moderne : elle est d’une stabilité redoutable et elle se place sans effort. Mamie fait du rififi ! Et même quand le rythme augmente, la partie cycle n’est pas dépassée : déjà, le freinage dispose d’un sacré mordant pour une machine qui pourrait porter un dentier. Ensuite, les suspensions effectuent un travail formidable. Vous lui mettez des balles neuves et l’ancêtre montrera aux jeunettes ce qu’est la fleur de l’âge !
Et si elle n’était qu’efficace… Non, la GS est bien plus que ça. Je passe rapidement sur le confort de cette moto, qui est dans le haut du panier de ce qui existe : protection, selle façon canapé, position reposante, tout y est. Difficile de lui trouver un défaut sur cet aspect-là, on sent qu’elle est faite pour manger du km et traverser le monde ! Cependant, n’espère pas l’emmener en dehors des routes, le trail est plus un dérivé d’une routière que d’un enduro. Autant le poids ne se sent pas sur la route, autant il faut garder en tête qu’elle dépasse les 250 kg, la dame !
Pour en finir avec la béhème : la sonorité est caractéristique de cette architecture moteur, avec un bruit d’avion de l’époque qui gronde pour le plus grand plaisir du pilote. C’est grave, ça ronfle sans pour autant s’entendre à l’autre bout de la région. Ce 1150 est une petite pépite. En revanche, c’est vrai qu’on sent qu’il n’est pas tout jeune en termes de comportement. Il est vaillant, mais pas vraiment puissant. Disons simplement qu’il préfère les marathons aux sprints !
Husqvarna Norden 901, Beauté fatale
Même si cette moto ne ressemble à aucune autre, il faut quand même savoir qu’elle recycle astucieusement un bon petit paquet de pièces de l’usine KTM-Husqvarna. Ce phare rond ne te dit rien ? Regarde du côté de la Svartpilen et de la Vitpilen ! Le moteur te plaît ? Tu trouveras le même sur la gamme 890 Adventure de KTM. Attention, je ne dis pas que ça en fait pas une mauvaise machine.
Au contraire ! Ce moulin est une pure réussite, s’il manque de caractère, les performances, ça lui parle. Il réagit au taquet sur plus ou moins toutes les plages de régime, comme un élastique sur lequel on pourrait tirer sans limites. On ajoute à ça un shifter d’une efficacité à faire pâlir une sportive : les rapports s’enchaînent dans tous les sens, c’est un régal.
Husqvarna Norden 901, les sensations sont au RDV
J’ai été surpris du comportement de cette Norden, je partais de l’idée qu’elle était pensée pour le off road. Va savoir pourquoi ! Peut-être que la voir dans les mains de Lyndon Poskitt ou de Mike Horn m’a conditionné… Mais aujourd’hui, je suis persuadé que sa place est bel et bien sur la route. Pour résumer l’idée, j’ai eu l’impression de rouler avec un supermot. Vraiment. Le gros réservoir, la capacité de voyage et la protection en plus, forcément.
Cette Norden fait preuve d’une rigueur surprenante : la roue de 21 ne se sent absolument pas, elle se jette de virage en virage comme un vélo avec un comportement rageur du moteur. On se retrouve à faire les freins à la moto devant, tant ces derniers mordent fort quand on les serre. C’est un véritable trail d’attaque !
Autant dire que le rythme augmente très rapidement quand on n’y fait pas attention. Mention spéciale pour les Pirelli Rally STR qui sont montés d’origine dessus. Malgré leur look off road, ils peuvent sacrément encaisser !
Le confort n’est pas en reste grâce à la largeur de selle et la position droite. Pour chipoter, on dira que la selle est un peu dure. La protection au vent n’est pas exceptionnelle, mais cela permet aussi d’avoir un look aux petits oignons. Elle est aussi efficace que belle, et bon sang… Belle, elle l’est !
L’avis d’un pilote du Dakar
« Je trouve la Norden vraiment belle, elle suscite clairement de l’intérêt : elle donne envie de rouler ! La position de conduite est plutôt sympa « à la cool » avec ce placement trail, prêt à l’aventure, mais je suis peut-être un peu plus énervé que la moyenne, donc cela n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre. Sur la route, même si on lui tire dedans, elle sait suivre et ne prend pas au piège. Par contre, quand on la cherche en tout-terrain avec des manœuvres un peu techniques comme des sauts ou des wheelings, elle nous rappelle vite que c’est un 900.
Cette Norden est selon moi plus orientée sur l’aventure que sur l’off road, contrairement à la 701 Enduro, qui propose le compromis inverse. À choisir entre la GS et la 901, je prendrais clairement la 901. Elle est plus puissante, un moteur vachement sympa qui pousse, même l’anti-patinage n’est pas trop intrusif, mais carrément utile sur un moteur aussi puissant.
À la fin de la journée d’essai, j’avais l’impression d’avoir cette moto depuis 10 ans. Elle est saine, bien faite, polyvalente et vachement efficace. J’en voudrais bien une ! »
Xavier De Soultrait
Fiches techniques
| BMW R1150GS | Husqvarna Norden 901 | |
| Moteur | Bicylindre | Bicylindre |
| Puissance max | 85 ch (quand elle était jeune) | 105 ch |
| Couple max | 97 Nm | 100 Nm |
| Consommation annoncée | 5 l/100 km | 4.5 l/100 km |
| Autonomie théorique | 440 km | 440 km |
| Poids en ordre de marche | 249 kg | 219 kg |
| Hauteur de selle | 840 mm | 854 mm (attention, la selle écarte beaucoup les jambes, elle parait plus haute qu’elle ne l’est !) |
| Fréquence entretien | 10000 km | 15000 km |
| Prix d’achat sans option | 12 150,00 € (mais ça, c’était avant) | 14 749,00 € |
| J’ai aimé | – le comportement d’une jeune – la fiabilité du boxer … – … et son caractère ! – la sonorité – elle t’emmènera au bout du monde sans même nécessiter une selle confort | – l’efficacité sur route – l’esthétique et les finitions – elle sait voyager, mais vite. Un peu comme un TGV. – le tableau de bord TFT avec le style Husqvarna est sublime |
| Je n’ai pas aimé | – le moteur manque de souffle – l’optique d’un style… douteux – pèse un âne mort quand il s’agit de la manœuvrer à bout de bras | – incite à mettre du rythme – moins bonne en offroad qu’une 890 R qui est moins chère ! – devoir lui trouver des défauts, parce qu’elle est quand même vachement cool |
Alors, Norden ou GS ?!
Bon, force est de constater que le motard qui disait que c’était mieux avant, il n’avait pas forcément tort. Enfin, je me comprends. Objectivement, c’est bien sûr très difficile de dire qu’une GS de 20 ans est mieux que la Norden 901. Il est évident que l’Husqvarna met une claque à la bavaroise sur le plan technique et dynamique, malgré un moteur plus petit en cylindrée.
D’ailleurs, ce trail suédois est une pépite sur tous les plans : je ne lui trouve aucun défaut, en plus du fait que je trouve vraiment louable l’initiative de la marque de créer un style totalement décalé de la production actuelle. Mais pour te dire ça il me suffisait de lire la fiche technique des deux motos, regarder 3-4 photos et c’était plié, or ce n’est pas vraiment là où je voulais en venir.
En fait, la GS n’est pas moins bien. Elle est moins performante, moins rigoureuse, vachement moins à l’aise à l’attaque ou une fois sortie des routes, et pour être honnête, carrément moins belle. Concrètement elle est « moins » beaucoup de choses, comparé à l’Husky.
Mais tournons le problème dans un autre sens : une Ducati Panigale V4 est plus performante, plus belle, plus rouge, plus puissante et pourtant une belle partie des motards partiraient plutôt sur le trail. Tu me diras, que c’est une sportive et que ça n’a rien à voir. Mais si, ne parlons pas de type mais d’autres contraintes : budget, confort, et j’en passe. C’est juste une question de point de vue !
Est-ce que j’ai préféré ma journée d’essai sur la Norden par rapport à celle sur la GS ? Non. Est-ce que les copains en Husky me mettront une amende en dynamique si j’ai la BMW ? Très probablement, d’autant plus si le copain en question est Xavier De Soultrait. Mais même si ce n’était pas le cas, la Husqvarna est une balle par rapport à cette bonne vieille BM.
L’appel de l’expérience
Mais pose-toi la question de ce qui compte vraiment quand tu roules. Je pense qu’il faut voir la moto comme un outil, un moyen de vivre des expériences et pas comme une finalité. Avoir une meilleure moto ne fera pas forcément de toi un meilleur motard. Alors Husqvarna ou BMW ? M’en fiche. Si je fais abstraction du budget, c’est la Norden qui m’emmènerait voir du pays, mais en prenant tous les paramètres en compte, je signe pour la BMW. Je financerai des souvenirs comme un road trip avec la différence !
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Photos de Mulet Cycle
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