Le dernier jour commence
Dernier jour d’enduro, après 3 jours hauts en couleurs ! Ce matin, nous nous réveillons sous la brume. Les affaires qui devaient sécher sur les tuiles en contrebas des fenêtres sont encore trempées et il va falloir rouler avec malgré tout. Pendant le petit déjeuner, le ciel se dégage et nous partirons de la ville de Devin sous le soleil. L’air se réchauffe dans les sentiers et sèche rapidement les affaires.
Nous passerons par le village de Lqskovo, connu pour ces terres agricoles où sont cultivés principalement haricots et pommes de terre. C’est de là que part le sentier qui mène au sommet de la montagne permettant de rejoindre le restaurant. Enfin ça, c’est ce qui était prévu au départ. Après quelques centaines de mètres, nous nous arrêtons devant une immense propriété privée construite sous un rocher donnant vu sur la cime des arbres. De là, les guides nous donnent quelques consignes car nous attaquons « some technical parts », une partie technique du tracé, selon Ianko. Les deux guides partent alors devant se positionner dans la montée pour nous aider à la franchir.
Parcours du combattant
C’est la première fois qu’ils adoptent cette stratégie, alors l’ensemble du groupe comprend vite qu’on va transpirer un peu. On s’élance un à un dans un chemin où l’adhérence est difficile à cause de pierres roulantes, de la terre meuble et des racines qui font sauter la moto. Arrivés à mi-hauteur, première difficulté : il faut couper à 90 degrés à droite en prenant appui sur un immense rocher pour ne pas perdre l’adhérence et pouvoir sauter les grosses racines en travers. Tout cela sur ce qui ressemble à un mur de presque 2 mètres ! Je vois Thomas passer devant moi difficilement et m’engage dans la même trace, mais ma remise des gaz est trop timide sur le rocher et je ne parviens pas à passer les racines. Ianko m’intercepte avant que je tombe en arrière sur le chemin, ou beaucoup plus bas. D’un regard, nous savons tous les deux que je ne franchirai pas l’obstacle car cette fois, il n’y a plus l’élan nécessaire et l’appel doit faire dans les 50cm pour accélérer et adopter la bonne position. On est presque sur du trial à ce niveau-là ! Il lui faudra 3 tentatives pour la monter en sécurité et me lancer à travers le casque « it’s the first of many », soit la première difficulté d’une longue série qui nous attend… Effectivement 50 mètres plus loin, nous voilà dans une nouvelle montée très difficile par sa longueur et ses racines en travers avec une nouvelle marche à franchir de près de 50 cm dans la tourbe, empêchant toute motricité. Personne n’arrivera à aller au bout de celle-là et les guides devront prendre le relai là où nous laissons tomber les motos. Nous les assistons lors du passage de la marche pour minimiser leur effort car il y a 12 motos à sortir pour Ianko et Miro. On prend quelques minutes de repos pour les guides qui ont eu un bon coup de chaud, puis nous repartons vers la dernière grosse épreuve. Un virage très serré en S à travers d’énormes blocs de roche dans lequel la moto passe à peine. Ianko s’élance le premier pour ouvrir et nous assister mais fait une erreur en retournant sa moto, perd l’équilibre et jette son 450 sur un des rochers. De loin, le choc est violent, Ianko se relève, inspecte longuement sa moto et surtout son radiateur droit. Mauvaise nouvelle : il est complètement tordu malgré les renforts et le ventilateur est explosé. Pas très bon car les moteurs chauffent énormément, mais heureusement, les radiateurs sont encore fonctionnels. Je m’élance et franchi le S sans trop de difficultés même si les guides assurent la moto en la poussant et la tirant simultanément. Encore une petite grimpette et nous sortons enfin de cet enfer !
Changement d’itinéraire
Épuisés et avec déjà deux heures de retard, il faut rejoindre le sommet mais de nombreux arbres couchés nous bloquent la route et nous devons nous rabattre sur un sentier en aval. Après plusieurs tentatives pour rejoindre la bonne direction, il faut se rendre à l’évidence, nous n’arriverons jamais à rejoindre à l’heure le restaurant initialement prévu. Les seules traces disponibles nous feraient faire un énorme détour. Ianko réagit rapidement : il charge son Gps et nous rejoignons Persenkhut, un ancien centre de vacances communiste à l’abandon où subsiste une auberge pour les randonneurs. Nous dégusterons un bouillon de poulet excellent cuisiné minute. La pause est de courte durée car il faut maintenant essayer de trouver le bon chemin pour rejoindre Markovo, notre destination finale. 75 kilomètres de freeride complet car Ianko avance à l’aveugle dans cette zone qu’il ne connaît pas. Nous arriverons quand même à bon port et Ianko cherchera même un carré de vignes (cette zone en cultive énormément) pour nous faire plaisir à Thomas et moi car nous lui avions parlé de nos traces longeant les vignes en Touraine. Nous sommes donc à Markovo, en périphérie de Plovdiv (ville de départ). C’est comme si nous étions à Beverly Hills pour Los Angeles, c’est la zone huppée où vivent les grosses fortunes et effectivement les maisons ont une autre dimension ici.
Nous couchons à l’Exotic Hôtel après un dernier repas convivial entre pilote mais sans les guides, déjà repartis pour préparer les motos du prochain groupe. 1h15 du matin heure française, nous sommes devant l’hôtel et il faut prendre la direction de l’aéroport de Sofia. Le voyage est bel est bien fini.
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