Un titre de western pour un article de moto ? Oui, mais pour une fois, ça colle franchement bien. Pourquoi ? J’écris actuellement ces mots à l’arrière du pick-up de David, le monsieur qui a créé le tracé du Camp-Day Anakee et qui est en train de grimper une montée que je qualifierais « de l’extrême ». Et je me sens du coup terriblement truand ! Nous découvrons les chemins qui formeront notre trajet du lendemain et je me dis que j’ai peut-être loupé mon coup, en ne précisant pas que j’étais une brêle en off-road.
« S’il y a du goudron, c’est qu’il y a trop de goudron »
Vu que chez Michelin ils sont super sympas, ils nous ont permis d’organiser une journée pour présenter la gamme Anakee. Qu’est-ce que c’est que les Anakee ? Ce sont deux modèles de pneus : les Adventure et les Wild, qui offrent deux compromis route/off-road différents ; mais j’y reviendrai en détails plus loin !
C’est donc David Cerdan qui a préparé l’itinéraire de cette édition du Camp-Day Anakee, l’ex-organisateur de la Bravade Cathare, un mec capable de te concocter un trajet qui te fera pleurer grâce à un subtil mélange d’émotion et de poussière… et de peur, dans mon cas.
Pour pimenter un peu cette sauce (qui était déjà franchement épicée), nous nous sommes dit que ce serait vachement cool que ce soit notre pilote du Dakar, Xavier De Soultrait, qui ouvre la marche. Deuxième erreur stratégique pour le débutant que je suis. Je n’avais pas connaissance du tracé et en plus, c’est un baroudeur de l’extrême qui dirige le convoi : « YOLO » !
Bienvenue au Camp-Day, aventuriers !
Lundi matin, 8h30, les participants du Camp-Day arrivent au bivouac qu’a préparé David. Une grosse tente, un feu, une moto de rallye (livrée avec son pilote encore accroché dessus)… La journée s’annonce franchement top. Les premières questions tournent autour du niveau de difficulté de la journée, sur lequel nous sommes restés très vagues, mis à part David, qui annonce « si vous tombez, c’est que vous l’aurez voulu ! ». Je me dis déjà qu’inconsciemment, je vais le vouloir quelques fois à la vue de la reconnaissance d’hier.
Très vite, les langues se délient, ça parle moto. C’était comme si nous nous connaissions déjà. Et en plus, des motos, il y en a des belles ! Des Ténéré 700, fines et agiles, des GS Adventure, pas vraiment fines, mais étonnamment agiles… Et même deux V-Strom… Ils sont fous ces motards ?!
On reste même à discuter devant une des deux Suzuki qui a dépassé les 100 000 km avec sa peau de bête sur la selle. « Mais comment il va faire ? On peut monter du Anakee Wild là-dessus ?! ». Ce que je ne savais pas, c’est que le pilote de cette moto allait me laisser sur les rotules !
C’est dans ce genre de moment que l’on se rend compte que derrière ces passionnés, il se cache encore plus de passion que l’on ne pourrait imaginer. Entre les anecdotes des participants, les histoires du Dakar de Xavier, j’avais clairement envie que ma tasse de café ne se vide jamais. Mais bon, l’appel de l’aventure se faisant trop fort, il est temps d’enfourcher nos machines !
Le départ du Camp-Day
Afin de jauger un peu le niveau, l’organisation nous emmène sur les premiers tracés dans les Corbières. Jusque-là, les chemins sont praticables, on prend vite confiance, et même moi qui découvre l’off-road, j’arrive à suivre. Punaise, quel pied ! Petits chemins, plus grosses pistes, et même des sauts…
Bref, les sensations sont au rendez-vous. Et quel plaisir incroyable de rouler aux côtés de Xavier sur sa Husqvarna de rallye, croiser son regard, puis le voir faire un saut de plusieurs mètres comme si c’était aussi naturel que de respirer.
J’en arrive au premier constat de la journée : j’étais bien loin d’imaginer les capacités réelles d’un trail. Je m’attendais à ce que les Ténéré performent, mais je n’avais pas cette certitude pour les autres. Même ma petite 790 Adventure (qui n’est même pas une R) passait relativement partout, la limite de mes capacités étant atteinte bien avant celles de la machine.
Il y a bien eu deux-trois bruits de frottements inquiétants, mais j’étais trop occupé à devoir assumer le fait que j’avais caché mon niveau au reste du groupe pour m’y attarder. Foutue fierté !
Punaise, même la V-Strom arrive à tenir le rythme, et bien en plus ! C’est donc vrai, partir à l’aventure est bien plus une histoire de volonté que de moyen technique ?! En tout cas, le plaisir de rouler loin des routes tracées, même sans technique, est bel et bien là.
Difficultés techniques
Le problème avec la confiance, c’est qu’elle a tendance à faire mal. Les chemins devenant de plus en plus techniques, je me dis que ce serait une occasion géniale pour tester la résistance à l’abrasion de la Rev’it Sand 4. Excellente nouvelle, le test est concluant ! Et pour faire les choses bien, je me mets une caisse dans un pierrier bien dur, parce que tomber sur la terre ça ne fait pas assez mal et en plus ça salit.
L’ensemble n’a pas bougé, pas une seule déchirure. Je prends un petit coup sur la jambe, mais c’est plus tard dans la journée que je me suis rendu compte que la protection a fait son job : j’ai le motif en quadrillage imprimé sur la jambe. J’aurais pris un sacré coup sans. Ce qu’il faut retenir c’est qu’il vaut mieux sortir couvert.
Cependant, j’avais oublié un détail : la KTM ne porte pas de Sand 4. Le rétro a fait un 1 800 (360 x 5), le plastique a de nouvelles nervures aérodynamiques et la protection de réservoir… a protégé le réservoir à défaut de se protéger elle-même. Une âme charitable participant à la journée m’aide à la relever et me propose de garder mon rétroviseur dans sa sacoche souple, histoire de pouvoir le récupérer plus tard… C’est donc à ça que sert la bagagerie en off-road, malin ! Je le saurais pour la prochaine éditions du Camp-Day !
Au Camp-Day, j’ai été un pilote du Dakar pendant 5 minutes
Imaginez un plateau, avec des pistes qui passent entre des éoliennes, une vue sur les montagnes au loin… et le cadre est posé. Dans un élan de bonté, Xavier me propose d’essayer sa moto. Ni une, ni deux, me voilà « posé » dessus. Le souci étant que je ne peux pas être posé sur la moto et sur le sol en même temps. C’est sacrément haut ce machin-là !
Je passe la première et m’élance sur une longue piste droite. Je me lève sur la moto et vis l’un des moments les plus incroyables de ma vie. Pendant quelques minutes, le monde n’existe plus, je me vois sur un tracé du Dakar. La chair de poule, le cœur qui bat à 200 BPM. C’est vraiment difficile de retranscrire ce ressenti avec des mots, mais je ne pense pas trop m’avancer en disant que ces 5 minutes font partie de ces petits instants qui marquent à vie.
Pas facile de rendre ce petit bout d’aventure cristallisé, mais il est temps d’aller manger. Direction, Château Lastours !
Petite serviette blanche pour les aventuriers du Camp-Day
Le domaine du Château Lastours nous a chaleureusement accueillis pour notre pause déjeuner, et quel accueil ! J’avais la forte impression de m’installer à la table d’un resto étoilé avec une vue sur un domaine incroyable, le tout en combi de moto toute poussiéreuse. Pourtant, ça n’a rien enlevé à la bonne humeur du groupe, après tout, on n’est pas venu pour enfiler des perles.
Il faut savoir que le Château Lastours et les trails, c’est une histoire qui roule. Entre les stages de pilotage et le GS Trophy, pour peu qu’on s’intéresse un peu à la culture bavaroise, c’est un incontournable. Les pistes aux alentours sont nombreuses, la légende raconte même qu’on testerait certains prototypes là-bas… c’est dire !
En plus, pour le dessert, j’ai eu le droit à une petite seconde chute comme je les aime, en douceur. C’est là que Julien, un des organisateurs, me propose son enduro. « Histoire que je me repose un peu ». Ça tombe bien, un trail c’est chouette, mais punaise, ça crève sur une journée ! Je saute sur l’occasion et sur cette KTM à la hauteur indécente pour mon gabarit.
C’était ma première fois en enduro. Et je dois dire que j’ai trouvé cette petite 250 franchement marrante. Tu sais le fameux « en vrai, là, ça passe » ? C’est avec ce genre de moto qu’il prend tout son sens. On se sent directement à l’aise et du moment que l’on a un peu d’élan, on se retrouve à faire des trucs que l’on pensait impossible. Merci Julien, grâce à ton sacrifice, j’ai pu me rendre compte que la moto est un domaine bien vaste et qu’il me tarde de découvrir encore plus en profondeur !
Les bronzés font du ski, sur la plage, à moto, sans ski
David ne fait pas les choses à moitié. Dans sa boucle, il nous a permis de poser nos pneus sur une plage, la seule en France qui le permet soit dit en passant. Encore une autre expérience de fou, avec la mer jusqu’à l’horizon, la route laissant sa place au sable, qui lui-même, vient plonger dans l’eau, marquant le point final de cette première édition du Camp-Day Anakee.
Nous en profitons pour voir Xavier rouler dans ce paysage qui lui est familier. C’était un peu comme plongé la tête dans un visuel du Dakar, la mer en plus, et s’y retrouver comme par magie. Et puis c’est aussi l’occasion de voir ce que ça donne de piloter une moto sur du sable mouillé. Pour éviter de finir la tête plantée dans le sol comme une autruche, David nous a distillé les bases : « Si tu perds l’avant, tu tombes. Si tu perds l’arrière, tu tombes. Si tu freines, tu chutes. Et si tu te ramasses, ne crois pas que le sable ça ne te fera pas mal ».
Par miracle, personne n’a chuté, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, mais il faut croire que ce groupe est bon !
Michelin, Dafy et une pincée de cailloux : une recette qui marche ?
J’ai peut-être un poil simplifié la recette, mais je pense pouvoir dire avec certitude que cette journée est un franc succès. Tout le monde est reparti avec des souvenirs plein la tête et on me dit dans l’oreillette qu’un certain Monsieur De Soultrait serait partant pour une nouvelle édition.
Peut-être, vous demandez-vous si le truand que je suis a passé une bonne journée en tant que débutant ? Ce à quoi je vous réponds que c’est l’expérience la plus traumatisante que j’ai vécu à moto. Mais aussi la plus dingue ! Je ne regrette absolument pas cette truanderie, au contraire, j’en veux plus !
La randonnée en trail et l’enduro sont une nouvelle façon de voir la moto qui vaut la peine d’être creusée, c’est certain. David, Xavier, vous pouvez compter sur moi si vous recommencez, les Corbières ont encore bien des secrets qu’il me tarde de découvrir…
Et pour ce qui est de l’état de la moto après ses chutes, s’il s’agit de construire des souvenirs aussi beaux en échange de quelques rayures, c’est bien peu cher payé… mais ça coûte combien des crash-bars déjà ?
Deux salles, deux ambiances, mais des aventures assurées
Revenons à notre gamme Anakee, sans laquelle cette journée n’aurait pas pu exister ! Les Anakee, ce sont des pneus qui se destinent aux trails (et aux scramblers si on veut chipoter), ces machins qui ne savent pas trop quelle orientation prendre entre la route et les chemins. Il faut dire qu’avec les machines modernes, les possibilités sont nombreuses, mais il ne faut tout de même pas oublier que les pneumatiques sont la seule liaison entre le sol et la moto et qu’on ne fait pas d’omelette avec du steak.
Pour les explorateurs qui se découvrent, ceux qui tâtonnent leurs premiers sentiers, Michelin propose les Adventure : un modèle routier avec de « petites » capacités off-road, je dis petites mais sur sec, d’après ce que j’ai pu voir lors du Camp-Day, ils passent relativement partout avec un peu de volonté. Il faut juste retenir que leur domaine de prédilection reste la route, avec des performances très proches d’un pneu sport GT autant sur le sec que sur le mouillé.
Maintenant, pour ceux qui cherchent l’aventure avec un grand A(nakee), Michelin dispose aussi d’un pneu plus extrême, le Wild. Les crampons sont bien plus marqués, ce qui le rend moins propice à tailler la route mais bien plus performant quand le bitume disparaît. C’est d’ailleurs l’une des références pour les explorateurs des temps modernes, qui aiment pourrir leur crash-bar dans les tréfonds de la nature.
Golden Ticket
Quoi ? Tu veux quand même te lancer dans l’aventure Camp-Day ?! Pour les prochaines éditions, il te suffira d’acheter un pneu Michelin de la gamme Anakee dans l’un de nos magasins pour t’inscrire au tirage au sort des futurs participants lorsque l’opération sera lancée. À suivre sur notre site, donc ! Mais laisse-nous d’abord le temps de nous remettre d’aplomb. J’ai besoin d’un café. Et d’un bon kiné.
Cet article vous à plus ? Il est issu du magazine 1974, disponible gratuitement dans tous les magasins Dafy ! N’hésitez pas à aller récupérer votre exemplaire !
Photos de Greg Sigaud
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